Le Village
Lasseube est un village de 1840 habitants appelés les Lasseubois. Il situé à douze kilomètres à l’Est d’Oloron Sainte-Marie et à dix-neuf kilomètres à l’Ouest de Pau. Son territoire est largement composé de vignes appartenant à l’appellation Jurançon.
Il est traversé par la Baïse et ses affluents.
Le nom du village serait issu du gascon « seuva » et du latin « sylva » qui signifient forêt, faisant référence à l'installation d'une communauté d'habitants venue défricher et gagner des terres sur la forêt seigneuriale d'Escout.
Un peu d’histoire
Au Moyen-âge, la création d’une paroisse est évoquée dès 1330 par l’évêque d’Oloron, preuve qu’une population était établie sur le territoire qui était sous l’autorité directe de la baronnie de Lescun.
En 1376, Jean de Sommers fonde le village par l’octroi d’une charte de privilèges, sous le nom de ‘‘La Seube d’Escout’’.
Lors du censier de 1385 commandité par le vicomte Gaston Fébus afin de mieux connaître la population du Béarn, Lasseube compte 12 feux (maisonnées). L’attrait de la charte fondatrice du village pour les ‘‘poublans’’ (colons) est incontestable. Les privilèges, libertés et franchises accordés aux arrivants permettent, en une dizaine d'années, d'avoir un nombre de villageois équivalent à des villages fondés dès les XIe/XIIe siècles.
Le village, organisé autour d’une rue centrale, comprend également plusieurs quartiers périphériques, témoins de l’occupation ancienne lors des défrichements médiévaux.
Une copie de la Charte de peuplement est demandée à Corisande d’Andoins ‘‘seigneure du lieu’’ qui, en 1582, a obtenu pour les habitants de Lasseube la franchise de tout péage de gabelle et de leude.
Corisande d’Andoins vend en 1617, à Jean Bertrand de Salles gouverneur de Navarrenx, la baronnie de Lescun et la seigneurie de Lasseube.
C’est ensuite, Henri Auguste de Cazaux, conseiller au parlement de Navarre qui acquiert la seigneurie vers 1659. Il prend le titre de «Marquis de Lasseube» qui est repris par son fils, Armand de Cazaux né en 1659.
Le Patrimoine
Succédant à un édifice plus ancien et bâtie sur un tertre au XVIe siècle, l’église Sainte-Catherine (inscrite à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques depuis 1987) se trouve sur une des nombreuses voies secondaires empruntées par les pèlerins qui se rendaient à Saint-Jacques-de-Compostelle.
Constituée d’une nef et d’un collatéral au Nord, l’église possède un chevet à pans coupés et un clocher-mur percé d’une porte à l’Ouest. Au Sud, un porche abrite un portail de style gothique flamboyant à arc surbaissé et à ornement de choux frisés, d’arbres et de pinacles sculptés.
A l’intérieur, la voûte de pierre originelle a laissé place, à une époque inconnue, à un système de lambrissage qui devait accueillir un décor peint.
La quasi-totalité du mobilier est classée au titre des Monuments Historiques depuis 1975 : le retable, le tabernacle et la statue de Saint Jacques le Majeur du XVIIe siècle, la statue de la Vierge à l’Enfant du XVIIIe siècle.
Au XIXe siècle, la famille Lacaze possède le château de Lasseube, vestige de l’ancienne seigneurie. Il s’agit alors d’une gentilhommière située dans un parc arboré clos d’une enceinte. La demeure s’apparente plutôt aux maisons bourgeoises du XIXe siècle, ne laissant pas apparaître de structures antérieures.
Henri Joseph Lacaze, ancien député de la Circonscription et rentier, est propriétaire du château et de ses dépendances. Il décède à Lasseube en 1884 à l’âge de 84 ans.
Louis Jacques Lacaze, son fils (né en 1826), devient, en 1852, conseiller général de Lasseube, canton qu’il représente jusqu’en 1884. Marié à Lasseube en 1857 à Amélie le Clerc, il a au moins un fils, Jacques, qui est élu conseiller général. Il est un adversaire malheureux de Louis Barthou, lors de la première élection législative de celui-ci en 1889. Louis Jacques Lacaze est décédé à Paris en 1897. La place de l’église porte le nom d’Amélie Lacaze.
Personnages célèbres
Le chanteur-compositeur béarnais Pierre Jéliote est né à Lasseube en 1713 et il est mort à Estos en 1797.
Second des six enfants de Joseph de Jéliote et de Madeleine de Mauco, Pierre de Jéliote est envoyé très jeune à Bétharram où se trouve l’un de ses oncles missionnaires.
Remarqué par le compositeur Colin de Blamont, surintendant de la musique en France, il est amené à partir pour Paris où il est hébergé chez le frère de l’abbé Pourquier qui l’avait pris sous son aile à LesTélle puis envoyé à la maîtrise de la cathédrale Saint-Etienne de Toulouse.
Jéliote devient le chanteur favori de la Pompadour et de Louis XV. Il est même chargé, en 1745, de composer la musique d’un opéra-ballet, Zélisca, représenté à Versailles lors du mariage du Dauphin (futur Louis XVI).
Après avoir cessé son activité, il reste à Paris et est toujours invité à la cour de Louis XIV et dans les salons des princes et seigneurs. Il vient également se reposer trois mois par an en Béarn, où demeure sa famille et décide, à la fin de l’année 1779, de s’établir à Oloron Sainte-Marie où il fait bâtir une demeure sur la place du Marcadet.
Pierre Bourdieu est né en 1930 dans les Pyrénées-Atlantiques à Denguin, petit village béarnais. Son père, issu de la petite paysannerie béarnaise, est d'abord ouvrier agricole, puis devient facteur et, par la suite, facteur-receveur en poste à Lasseube, sans quitter son milieu rural. Sa mère a une origine sociale proche, quoique légèrement supérieure, puisqu'elle est issue d'une lignée de propriétaires à Lasseube. Il est l'unique enfant du couple.
Interne au lycée Louis-Barthou de Pau, excellent élève, Pierre Bourdieu est remarqué par un de ses professeurs, ancien élève de l’École normale supérieure (ENS), qui lui conseille de s’inscrire en classe préparatoire en khâgne au lycée Louis-le-Grand de Paris, en 1948.
Agrégé en philosophie, ce béarnais enseignera en France et en Algérie avant d’obliquer vers les sciences humaines et sociales. Il devint un sociologue français qui, par son engagement public, fût l’un des acteurs principaux de la vie intellectuelle française. Sa pensée a exercé une influence considérable dans les sciences humaines et sociales, en particulier sur la sociologie française d’après-guerre. Sociologie du dévoilement, elle a fait l’objet de nombreuses critiques qui lui reprochaient en particulier une vision déterministe du social dont il se défendait.
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Arboretum de Payssas
Un voyage parmi les arbres : l'Arboretum de Payssas, partie intégrante d'une propriété privée, regroupe 500 arbres et arbustes, conifères et feuillus représentant 130 espèces originales du Monde entier.
Planté sur ses terres par Jean Bourdet dès 1930 et jusqu'à ses dernières années (1994), ce boisement sauvage offre au visiteur un patrimoine scientifique prouvé et un remarquable site naturel.
Le long d'un parcours de 1,2 km accessible à tous, il est possible de faire le tour du monde en 26 arbres remarquables : cèdres du Liban, pins de Monterey, chênes des marais, tulipiers de Virginie, copalmes d'Amérique, noyers de Siebold, séquoias sempervirens, thuyas géants de Californie...
Le saviez-vous ?
Diane d’Andoins, fille du baron d’Andoins, était l’une des plus riches héritières du Béarn. Unie au sénéchal de Béarn, Philibert de Gramont, la jeune femme est veuve dès 1580. Femme de culture et de littérature, elle s’identifie à l’héroïne du roman de chevalerie « Amadis de Gaule » et en adopte le nom « Corisande ». Proche de Catherine de Bourbon, elle est courtisée par son frère, Henri III de Navarre (futur Henri IV de France) avec qui elle entretient une relation passionnée. Elle devient progressivement sa confidente, sa conseillère et parfois même son inspiratrice.